- éperdument
-
• v. 1520; de éperdu♦ D'une manière éperdue. ⇒ follement. Être éperdument amoureux. « il s'était mis [...] à travailler éperdument » (Larbaud). Je m'en moque éperdument, totalement. ⇒ royalement.Synonymes :- frénétiquement- passionnémentFamilier. Se moquer éperdument deSynonymes :- complètement- entièrementéperdumentadv. D'une manière éperdue.I.⇒ÉPERDUMENT1, adv.A.— [Après un verbe de sentiment] D'une manière éperdue, intense, vive, folle :• 1. Si vous avez compris cela, c'est quelque chose déjà, mais ce n'est rien auprès de la vérité. Voici trois mois que je vous aime violemment, et plusieurs jours que je vous idolâtre plus éperduement encore.MALLARMÉ, Corresp., 1862, p. 33.Rem. Éperdument avant un adj. notamment l'adj. amoureux, joue le rôle d'intensif, de superl. Être éperdument amoureux. Je suis invité à souper ce soir chez la princesse Negroni, dont je suis fort éperdument amoureux (HUGO, L. Borgia, 1833, I, 2e part., 2, p. 61).B.— [Après un verbe d'action soudaine, violente] D'une manière qui témoigne d'un manque de contrôle de soi ou d'une impétuosité excessive. L'enfant-roi bondit en selle éperdument (HUGO, Légende, t. 1, 1859, p. 285). Quand j'ai senti sa bouche qui retrouvait ma bouche, mon cœur s'est mis à battre éperdument (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 531) :• 2. Il ne s'intéresse qu'à la spontanéité de l'enfant (...) qui, déjà, convoite avec une telle intensité les objets hors de son atteinte, que les poings se crispent, que les mains tremblent, s'agitent, se tendent éperdument, que tout le corps se soulève et frémit dans une sorte de délire intérieur.MARTIN DU GARD, Notes sur André Gide, 1951, p. 1391.C.— [Après un verbe marquant le désintérêt] Fam. Totalement. S'en moquer, s'en fiche éperdument :• 3. Un fait historique, — dont nous nous moquons éperdument et Delacroix avec nous, — la mort de Sardanapale, constitue l'anecdote du tableau qui s'intitule ainsi.CASSOU, Panorama des arts plastiques contemp., 1960, p. 176.Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1694-1932. E. Le Gal cité par DUPRÉ 1972, p. 861, observe que certains l'écrivent ,,avec accent ou même avec e. Elle filait éperdûment ,,(FROMENTIN, Dominique, pp. 238-239). Chante éperduement le rossignol du bois joli (Ch. LE GOFFIC, L'Âme bretonne, p. 148).`` Étymol. et Hist. Ca 1520 « de façon éperdue, horriblement (?) » (ANDRÉ DE LA VIGNE, Voyage de Naples de Charles VIII, p. 133 ds LA CURNE); av. 1606 (Pasquier d'apr. NICOT). Dér. de éperdu (v. éperdre); suff. -ment2. Bbg. BASTIN (J.). Adv. de manière. In : Nouv. glanures gramm. Riga, 1907, p. 29.
II.⇒ÉPERDU(E)MENT2, (ÉPERDUMENT, ÉPERDUEMENT)subst. masc.A.— Abandon à l'ivresse d'une passion :• 1. ... elle enviait les existences tumultueuses, les nuits masquées, les insolents plaisirs avec tous les éperduments qu'elle ne connaissait pas et qu'ils devaient donner.FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 76.B.— Éperdu(e)ment de. Démonstration ostentatoire de :• 2. Croirait-on que cela ait été écrit par un Allemand (mais sang noble est de tout pays), et par l'adorable viveur qui disait avec un si charmant éperduement de jeunesse :BARBEY D'AUREVILLY, Mémorandum 2, 1838, p. 298.Prononc. et Orth. Cf. éperdument1. Étymol. et Hist. 1838, supra ex. Dér. de éperdu (v. éperdre); suff. -(e)ment1.STAT. — Éperdument1 et 2. Fréq. abs. littér. :459. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 299, b) 492; XXe s. : a) 1 562, b) 493.1. éperdument [epɛʀdymɑ̃] n. m.ÉTYM. 1851; de éperdu.❖♦ Littér. et rare. Élan de passion violente. ⇒ Ivresse, trouble.0 (…) elle enviait les existences tumultueuses, les nuits masquées, les insolents plaisirs avec tous les éperduments qu'elle ne connaissait pas et qu'ils devaient donner.Flaubert, Mme Bovary, I, IX.————————2. éperdument [epɛʀdymɑ̃] adv.ÉTYM. V. 1520, éperduement; de éperdu.❖♦ D'une manière éperdue, avec intensité (notamment dans le domaine affectif). ⇒ Follement. || Être éperdument amoureux (cit. 6). || S'aimer éperdument. || Aimer, chérir éperdument qqn (→ Charme, cit. 10; chéri, cit. 1). — Crier éperdument. || Son cœur battait éperdument.1 (…) il en devint (…) si éperdument amoureux, qu'il fut près d'en perdre la vie (…)Molière, le Sicilien, 11.2 Toute la nuit, pressés éperdument l'un contre l'autre, l'amant sanguinaire et la voluptueuse fille se donnaient en silence des baisers furieux.France, Les dieux ont soif, p. 149.3 (…) il s'était mis, pour ne plus sentir la misère de son existence, à travailler éperdument.Valery Larbaud, Fermina Marquez, VIII, p. 54.♦ Littér. (avec un v. désignant une action concrète). || « L'enfant-roi bondit en selle éperdument » (Hugo, la Légende des siècles).♦ Par exagér. || Je m'en moque, je m'en fiche éperdument, complètement, parfaitement.
Encyclopédie Universelle. 2012.